Meilleure création lyrique
Palmarès 2015-2016 de l’Association professionnelle de la critique
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Opéra pour sept chanteurs, ensemble de quinze musiciens et électronique
Livret de Jean-Claude Fall, d’après le roman Maria Republica de Augustín Gómez-Arcos
C’est dans le sang du franquisme des années 1960 que l’Espagnol Agustín Gómez-Arcos a trempé sa plume pour écrire la flamboyante tragédie de Maria Republica. Dans un français brut, acéré, forgé à la sueur de l’exil, il transforme le destin de cette prostituée, contaminée par malchance, contaminant par vengeance, en celui d’une putain rouge, sauvage et rebelle, jetée en couvent pour y faire repentance. Là, en ce lieu de pénitence plus que de prière, dont on masque l’odeur pestilentielle d’ordre établi par des fumigations de bienséante religion, Agustín Gómez-Arcos dresse les vies brisées en une statuaire baroque qui emplit l’obscurité de cris et de plaintes.
Plus de trente ans après son écriture, cette sulfureuse Maria Republica n’a rien perdu de la rage de son auteur qui, en 1966, a fui terre natale et langue maternelle pour échapper à la censure. En composant aujourd’hui cet opéra, François Paris pourrait bien lui offrir non seulement une musique tourmentée où l’économie des mots autorise un saisissant travail vocal, mais surtout une nouvelle terre d’asile, lyrique et contrastée, où plus rien ne pourra menacer son œuvre.