Detailed effectives flute / oboe / clarinet / bassoon / french horn / trumpet / trombone / percussion / piano / harp / 2 violins / viola / cello / contrebasse

EOC Creation 

Creation date 2024

Sponsor Commande EOC avec le soutien du programme d’aide à l’écriture d’une œuvre musicale originale – Ministère de la Culture.

Il est une question récurrente qui se pose au compositeur ou à la compositrice : doit-il, à travers son art, rendre compte de la vie sociale ou politique, doit-il prendre parti ou bien au contraire considérer que la seule voie possible pour un créateur est de faire de l’art pour l’art ?

Pour revenir au caractère sociétal que peut revêtir le travail de l’artiste, je pense qu’en cette période de crise internationale, il est impossible de rester sourd aux conflits qui nous entourent, aux grands problèmes de société, aux guerres, au réchauffement climatique …

Aussi, il m’apparait important de parler de ceux qui sont victimes des conflits, les opprimés, ceux dont on ne parle que sur le plan géopolitique comme s’ils étaient déshumanisés dès que les médias commentent les conflits dont ils sont les victimes : des nombres, des statistiques, voilà à quoi ils sont souvent réduits. Par ailleurs, en pleine montée des extrêmismes et des régimes totalitaires, il m’apparaît aussi nécessaire de parler de la désobéissance des peuples, de ceux qui résistent, et des moyens physiques, intellectuels et artistiques que mettent en place les opprimés pour résister : « désirer, désobéir » , dirait Georges Didi Huberman qui nous parle du désir dans le sens de la volonté de faire, invoquant ainsi le « conatus » spinozien.

« Ce qui nous soulève ? Ce sont des forces, bien sûr. Des forces qui ne sont pas extérieures ou imposées: forces involuées dans tout ce qui nous regarde le plus essentiellement. Mais de quoi sont-elles faites ? Quels sont leurs rythmes ? À quelles sources puisent-elles ? Ne pourrait-on pas dire, pour commencer, qu’elles nous viennent, qu’elles nous surviennent ou nous reviennent le plus souvent d’une perte ? N’est-il pas vrai que perdre nous soulève après que la perte nous a terrassés? N’est-il pas vrai que perdre nous fait désirer après que le deuil nous a immobilisés ?… » Par ailleurs, ils ne s’agit pas ici de collecter uniquement des textes qui font référence au soulèvement politique mais plutôt de mettre en lumière des textes écrits sous l’impulsion du soulèvement, des oeuvres artistiques qui sont nées en jetant sa « douleur par dessus bord » comme le dit Didi- Huberman à propos d’Henry Michaux.

Bien sûr, nous savons tous qu’une pièce de musique ne change pas le Monde, mais il me semble important que dans le dialogue qui se noue entre le compositeur, les musiciens et le public, on puisse aborder des thématiques essentielles, celles-là même qui nous hantent quand nous sommes seuls en dehors de la salle de concert.

Philippe Hurel