Effectif détaillé 4 sopranos / 4 contraltos / 4 ténors / 4 basses / 2 flûtes / 2 hautboiss / 3 clarinettes / 2 bassons / 2 cors / 2 trompettes / 2 trombones / tuba / 3 harpes / 3 violons / 2 altos / 2 violoncelles / contrebasse
Date de composition 1970-1986
Durée 13 minutes
Editeur Universal Edition
cummings ist der dichter vise à transposer en musique, le texte du poème de Cummings et l’espace figural surgit du blanc de la page, de par la disposition particulière de l’imprimé. Le processus sonore veut devenir la preuve, de l’isomorphie profonde entre plusieurs dispositifs différents : celui du texte poétique et de l’espace intertextuel, celui de la figure visuelle et du blanc de la page, celui enfin de la surface sonore et les inscriptions figuratives. Agi par l’espace visuel qui s’interpole, dans la productivité textuelle, le texte poétique se multiplie, se dissout dans le flux de l’énonciation musicale, en occultant le processus même d’engendrement sonore. Tout en restant « centré », le texte, poétique devient «abscence» dans le travail de dissolution et d’interpénétration des dispositifs en jeu. En essayant de surmonter les limites des dispositifs toujours irréductibles l’un à l’autre et intraduisibles l’un par rapport à l’autre, l’énoncé musical devient la transmutation en sons du «figural», inscrit simultanément dans l’espace intertextuel et dans la figure visuelle du poème de Cummings.
cummings ist der dichter reprend une des opérations constitutives typiques pour l’engendrement et la structuration de l’œuvre chez Boulez : l’énoncé musical se constitue à partir de deux caractéristiques morphologiques différentes dont le contraste, l’influence réciproque, l’interaction synchronique ou diachronique régissent le processus sonore. Le procédé connu de répétition toujours différente et à distance des mêmes caractéristiques du Marteau sans maître, d’Antiphonie et de Constellation – Constellation-Miroir de la Troisième sonate, se transforme dans cummings ist der dichter en une démarche plus complexe, plus flexible et moins évidente, imposée par l’isomorphie profonde des dispositifs, dont la fusion « en expansion », dans le temps engendre l’énoncé musical.
Une surface sonore constituée de longues tenues aux timbres différents qui fusionnent en amalgame sonore variable. Et un espace vibrant en attente des couleurs sonores différentes qui viennent habiter le silence en traits brefs, contrastants, précis. Une nappe fluide qui résulte des modifications ininterrompues des couleurs sonores superposées. Et une oscillation discontinue des traits mélodiques et des points-accords incrustés dans le support de la toile-silence. Une superposition-fusion continue, analogique des couleurs sonores et un « tachisme » discontinu, contigu des traits-blocs.
lvanka Stoïanova