Effectif détaillé mezzo-soprano / flûte alto / percussions / vibraphone / xylorimba / guitare / alto
Date de composition 1953 - 1955
Durée 36 minutes
Editeur Universal Edition
Le Marteau sans maître fut écrit entre 1953 et 1955. L’œuvre comporte neuf pièces rattachées à trois poèmes de René Char (écrits de 1927 à 1935), formant ainsi trois cycles. Chaque pièce ne comporte pas obligatoirement de participation vocale ; je distingue les pièces où le poème est directement inclus et exprimé par la voix, et les pièces-développements, où la voix ne joue, en principe, plus aucun rôle. […]
Les cycles ne se succèdent pas, mais s’interpénètrent de telle sorte que la forme générale soit elle-même une combinaison de trois structures plus simples. Il me suffira de donner l’ordre de succession des pièces pour que l’on aperçoive, sans davantage la commenter, la hiérarchie désirée :
- I. Avant L’Artisanat furieux
- II. Commentaire I de Bourreaux de solitude
- III. L’Artisanat furieux (avec voix)
- IV. Commentaire II de Bourreaux de solitude
- V. Bel Édifice et les pressentiments – version première (avec voix)
- VI. Bourreaux de solitude (avec voix)
- VII. Après L’Artisanat furieux
- VIII. Commentaire III de Bourreaux de solitude
- IX. Bel Édifice et les pressentiments – double (avec voix)
Dans cet ordre de successions j’ai tâché d’imbriquer les trois cycles de telle sorte que la démarche au travers de l’œuvre en devienne plus complexe, usant de la réminiscence et des rapports virtuels ; seule la dernière pièce donne, en quelque sorte, la solution, la clef, de ce labyrinthe. Cette conception formelle m’a entraîné, d’ailleurs, beaucoup plus loin, en libérant totalement la forme d’une ; ici, le premier pas était franchi, par la rupture avec la forme « unidirectionnelle ».
[…] On voit que, progressivement, les rapports de la voix et de l’instrument sont inversés par la disparition du verbe. Idée à laquelle j’attache un certain prix et que décrirai ainsi : le poème est le centre de la musique, mais il est devenu absent de la musique, telle la forme d’un objet restituée par la lave, alors que l’objet lui-même a disparu – telle encore, la pétrification d’un objet à la fois reconnaissable et méconnaissable. »
Pierre Boulez
L’œuvre a été créée à Baden-Baden le , lors du 29e festival de la Société internationale pour la musique contemporaine, par des membres de l’Orchestre symphonique de la SWR de Baden-Baden placés sous la direction de Hans Rosbaud. La soliste était Sybilla Plate.