Effectif détaillé flûte / hautbois / clarinette / basson / cor / trompette / trombone / percussions / piano / 2 violons / alto / violoncelle / contrebasse
Date de composition 1984
Durée 28 minutes
Editeur Universal Edition
Commanditaire London Sinfonietta, dédicace à Sheila Birtwistle
Secret Theatre date de 1984, soit l’année même des cinquante ans du compositeur, dont il faut noter qu’il est l’exact contemporain de son compatriote, Peter Maxwell Davies. Les deux compositeurs ont, en outre, tous deux fait leurs études au Royal College of Music de Manchester.
L’œuvre a été créée en octobre de la même année par le London Sinfonietta. Comme l’indique son titre, Secret Theatre révèle l’intérêt de Birtwistle pour le rapport théâtre-musique. Elle présente en effet comme une sorte de scène d’opéra virtuelle, où divers instruments jouent tour à tour le rôle de protagonistes, tantôt en accord, tantôt en conflit. Le compositeur va même jusqu’à inclure dans le discours musical des cadences de type vocal, n’hésitait pas à noter l’indication Colla voce que l’on trouve traditionnellement dans les parties d’accompagnement des cadences d’opéra. Mais une autre référence possible est, du fait de l’opposition entre un petit groupe d’instruments et le reste de l’effectif, le dialogue entre concertino et ripieno, caractéristique du concerto grosso du XVIIIe siècle.
Dès le début de la pièce s’instaure, en effet, une division de l’ensemble en deux groupes dont l’effectif va évoluer sensiblement et se déplacer au cours de l’œuvre. Le plus réduit, nommé « cantus » par le compositeur, jouant debout, est d’abord représenté par la flûte en une ample et souple mélodie dont on notera la polarisation sur certaines notes.
Le second groupe, assis, appelé « continuum » est pris en charge par les cordes en pizzicati dont la fonction d’accompagnement est d’emblée perceptible. La flûte, d’abord seule, est progressivement rejointe, puis relayée par divers instruments, aboutissant à un quintette comptant exclusivement des vents. On notera, surtout dans un premier temps, le travail en hétérophonie du groupe, c’est-à-dire en variations autour d’une ligne globale commune. Le dialogue avec le continuum mène progressivement à un premier affrontement dramatique, se résorbant soudain, alors qu’il parvient à son paroxysme. Dans une ambiance calmée, le cantus se reconstruit progressivement d’abord en trio, flûte-hautbois-clarinette, contrepointé par un basson très vocal ; puis intégrant au bout d’un assez long développement, les deux violons, allant une deuxième fois se heurter violemment au continuum – combat à son tour brutalement stoppé. Ce sont le piano et les crotales qui ouvrent alors la conclusion en accords agressifs suivis d’un dernier solo du basson et d’un ultime rappel du cantus sur un accompagnement obstiné des cordes graves qui disparaissent dans le silence.
Le titre de l’œuvre est tiré du poème Secret Theatre de Robert Graves.
When from your sleepy mind the day’s burden
Falls like a bushel sack on a barn floor
Be prepared for music, for naturel mirages
And for night’s incomparable parade of colour.
It is hours past midnight now : a flute signals
Far off : we mount the stage as though at random,
Boldly ring down the certain, then dance out our love.